Da mihi factum, dabo tibi jus, traduit du latin par “Donne-moi les faits, je te donnerai le droit”, est une maxime juridique clé qui exprime la division des rôles dans un système judiciaire.
Elle reflète le principe selon lequel il appartient aux parties de fournir les faits, tandis qu’il incombe au juge ou à l’autorité judiciaire d’appliquer le droit pertinent à ces faits. Ce principe est essentiel dans les systèmes de droit civil et, dans une certaine mesure, dans les systèmes de common law.
Cette maxime est profondément ancrée dans le droit romain, où le rôle du juge était strictement limité à l’application des règles de droit aux faits présentés. Les plaideurs avaient la responsabilité d’apporter les éléments factuels nécessaires.
Au Moyen Âge, les écoles de droit européennes, notamment à Bologne, ont repris ce principe pour structurer les procédures judiciaires émergentes, en renforçant la séparation entre le rôle du juge (jurisdictio) et celui des parties (probatio).
Aujourd'hui, ce principe reste un pilier des systèmes de droit civil. Il guide également les juridictions internationales et nationales dans leur manière d’évaluer les faits et de rendre des décisions.
Da mihi factum, dabo tibi jus s’applique dans divers domaines juridiques où la distinction entre les faits et le droit est cruciale. Voici quelques exemples illustratifs :
La maxime Da mihi factum, dabo tibi jus a des implications profondes sur la procédure judiciaire :
Dans certains systèmes, la stricte application de cette maxime est critiquée pour limiter le rôle du juge, en particulier dans les affaires où les parties ne peuvent pas établir clairement les faits (par exemple, dans des cas impliquant des victimes vulnérables).
Dans de nombreux pays, notamment dans les systèmes de common law, les juges jouent un rôle plus actif dans la recherche et l’établissement des faits, ce qui nuance l’application rigoureuse de cette maxime.
Les affaires modernes, telles que les litiges financiers ou technologiques, rendent parfois difficile la distinction claire entre les faits et le droit, car les juges doivent souvent s’appuyer sur des experts pour comprendre les faits.
Dans cette affaire, les faits liés à la pollution marine ont été établis par des experts. Les juges ont ensuite appliqué le droit environnemental pour condamner les responsables.
La CIJ a jugé que les faits démontrés par le Nicaragua constituaient une ingérence armée illégale de la part des États-Unis, appliquant le droit international aux faits établis.
La maxime Da mihi factum, dabo tibi jus incarne une idée centrale de la justice : l’équilibre entre la responsabilité des parties et l’impartialité du juge. Elle illustre également l’importance de la vérité factuelle pour garantir une application équitable et juste du droit.
Da mihi factum, dabo tibi jus reste un principe fondamental du droit moderne, structurant le rôle des parties et des juges dans les procédures judiciaires. Son application rigoureuse garantit une séparation nette entre l’établissement des faits et l’interprétation juridique, tout en s’adaptant aux besoins contemporains de flexibilité et d’équité.