Ex nihilo nihil fit, signifiant en latin “Rien ne vient de rien”, est une maxime philosophique et scientifique majeure. Elle exprime l'idée que rien ne peut surgir ou être créé à partir de rien, posant ainsi une limite fondamentale à la compréhension de l'existence, de la causalité et de la création.
Ce principe a des implications profondes en métaphysique, physique, cosmologie et théologie. Il est au cœur de nombreux débats sur l'origine de l'univers, les lois de la nature, et la causalité.
La maxime est attribuée à Parménide, un philosophe présocratique qui a influencé les fondements de la métaphysique occidentale. Parménide avançait que l'être est éternel et immuable, et que toute transformation suppose une continuité de l'existence.
Aristote a développé ce principe dans son analyse des causes premières. Il affirme que chaque chose a une cause et qu'il ne peut exister d'effet sans un principe préexistant, consolidant ainsi la maxime dans la philosophie classique.
Au Moyen Âge, les philosophes scolastiques comme Thomas d'Aquin ont intégré cette maxime dans une vision théologique. Pour eux, Ex nihilo nihil fit s'applique aux processus naturels, mais non à la création divine, qui est vue comme une exception où Dieu crée le monde à partir de rien (*creatio ex nihilo*).
Dans les contextes scientifiques modernes, cette maxime est discutée en cosmologie et en physique quantique. Bien que le vide quantique semble permettre des “fluctuations” spontanées, cela n'invalide pas totalement Ex nihilo nihil fit, car ces fluctuations dépendent d'un champ ou d'une énergie préexistants.
En métaphysique, Ex nihilo nihil fit souligne le besoin de causalité pour expliquer l'existence de toute chose. Ce principe s'oppose aux idées de création spontanée ou sans cause.
Dans la théologie chrétienne, la maxime est adaptée pour distinguer la création naturelle des processus divins. Dieu est vu comme transcendant cette règle en étant à l'origine de toute chose.
En cosmologie moderne, la question de l'origine de l'univers met en tension ce principe. Les théories du Big Bang indiquent un “commencement”, mais nécessitent une énergie ou des lois sous-jacentes préexistantes.
Dans la physique quantique, des phénomènes comme les fluctuations du vide semblent contredire la maxime. Cependant, ces fluctuations reposent sur des champs d'énergie préexistants et ne surgissent pas véritablement “de rien”.
Certaines théories modernes, notamment en physique quantique et cosmologie, interrogent la validité universelle de Ex nihilo nihil fit. La notion de “vide” en physique moderne est très différente de l'idée de “rien” en philosophie classique.
La maxime repose sur une définition stricte du “rien”, mais cette définition est difficile à conceptualiser. Si “rien” est absolu, aucune propriété ou loi ne peut s'y appliquer, rendant le concept inexploitable dans la science.
Les défenseurs du principe soutiennent qu'aucun phénomène observé ne contredit réellement cette idée, car tout événement mesuré dépend de conditions préexistantes.
Les philosophies grecques ont souvent interprété Ex nihilo nihil fit comme une affirmation de l'éternité de la matière. Par exemple, les atomes, selon Démocrite, sont éternels et indivisibles, constituant tout ce qui existe.
Thomas d'Aquin a reformulé ce principe pour défendre l'idée que, bien qu'aucune chose créée ne puisse surgir de rien, Dieu, étant éternel et infini, peut agir en dehors des lois naturelles.
Le principe est central dans les discussions sur l'énergie du vide et les modèles cosmologiques sans cause première. Par exemple, le modèle du “champ de Higgs” explique l'origine de la masse, mais non celle du champ lui-même.
La maxime Ex nihilo nihil fit interroge la nature même de l'existence. Elle met en lumière les limites de la causalité humaine face à des questions comme :
Ce principe souligne également le besoin de cohérence dans les systèmes explicatifs, qu’ils soient philosophiques, scientifiques ou théologiques.
Le principe Ex nihilo nihil fit demeure un pilier des réflexions sur l'existence, la causalité et l'origine des choses. Bien que des avancées scientifiques remettent en question certaines de ses interprétations, il reste un outil puissant pour structurer les débats philosophiques et scientifiques.
Appliqué avec nuance, il continue de stimuler les discussions sur la nature de l'univers et les fondements de la réalité.