Nihil per se subsistit, signifiant en latin “Rien n'existe par soi-même”, est une maxime souvent utilisée dans les domaines de la philosophie, de la théologie et du droit. Elle exprime l'idée que tout ce qui existe est dépendant d'autres éléments pour sa cause, sa nature ou sa subsistance.
Cette maxime souligne une vision relationnelle et interconnectée du monde, rejetant l’idée que des entités puissent exister de manière totalement autonome.
Le concept remonte aux philosophes grecs tels qu’Aristote et Platon, qui ont exploré les notions de cause première et d’interdépendance des êtres. Aristote, dans sa “Métaphysique”, argumente que tout ce qui existe est lié par une chaîne causale.
Dans la théologie scolastique, des penseurs comme Saint Thomas d’Aquin ont intégré ce principe dans leurs réflexions sur la dépendance de toute chose envers Dieu, la “Cause première”.
Avec Descartes, Leibniz et plus tard Kant, cette idée prend une dimension critique, servant de base pour analyser la relation entre les objets, leurs propriétés et les lois qui les gouvernent.
La maxime est utilisée pour argumenter en faveur de l'interconnectivité universelle et contre l'idée de l'indépendance absolue. Elle se retrouve dans les discussions sur l’ontologie relationnelle.
Dans le droit, nihil per se subsistit est parfois invoqué pour justifier l’importance des relations contractuelles et des interdépendances institutionnelles.
Les sciences, notamment la physique et la biologie, illustrent cette maxime à travers des concepts comme les écosystèmes, où chaque composant dépend des autres pour maintenir l’équilibre.
Pour comprendre et appliquer nihil per se subsistit, plusieurs éléments peuvent être examinés :
Certaines écoles de pensée, notamment existentialistes ou individualistes, soutiennent que des entités peuvent exister de manière autonome ou au moins affirmer leur propre essence.
L'idée d'interdépendance peut entrer en tension avec des principes juridiques comme celui de souveraineté, où un État ou une entité est censé être indépendant par essence.
Bien que largement acceptée, cette maxime est parfois remise en question dans des contextes spécifiques où l’indépendance apparente semble possible, comme dans des systèmes fermés en laboratoire.
Leibniz a soutenu que les monades, bien que décrites comme des entités indépendantes, restent finalement coordonnées par Dieu, illustrant un équilibre entre indépendance et dépendance.
Les interdépendances économiques et politiques entre États, mises en lumière par des organisations comme l’ONU ou l’OMC, renforcent l’idée que “rien n’existe par soi-même” dans le domaine des relations internationales.
La Terre elle-même est souvent vue comme un système interdépendant, où chaque élément contribue au fonctionnement global. La théorie de James Lovelock sur Gaïa illustre parfaitement cette maxime.
Nihil per se subsistit reflète une vision du monde qui valorise les relations et les interactions plutôt que l’individualisme et l’autonomie. Elle encourage à voir au-delà des apparences et à comprendre les systèmes comme des ensembles intégrés.
Dans un monde de plus en plus interconnecté, que ce soit sur le plan social, écologique ou technologique, cette maxime conserve toute sa pertinence.
Le principe nihil per se subsistit nous rappelle que rien dans l’univers ne peut être compris ou exister en isolation. Il invite à une approche holistique des problèmes, qu’ils soient philosophiques, juridiques ou scientifiques, et souligne la valeur des relations et de l’interdépendance dans tous les aspects de la réalité.