Corruptissima re publica plurimae leges, signifiant en latin “Plus l'État est corrompu, plus il y a de lois”, est une maxime attribuée à l'historien romain Tacite. Elle exprime une critique du déséquilibre juridique et politique, indiquant qu’un excès de lois reflète souvent une instabilité ou une corruption profonde dans le système gouvernemental.

Cette maxime invite à une réflexion sur le lien entre la prolifération législative et la fragilité de la justice et de la gouvernance.

L'expression provient des écrits de Tacite, un historien et sénateur romain célèbre pour son style concis et son regard critique sur la corruption et la décadence de l'Empire romain.

Dans ses œuvres, Tacite observe que la multiplication des lois tend à masquer une érosion des valeurs morales et une perte de confiance dans les institutions publiques.

Ce principe a été repris par de nombreux philosophes et juristes au fil des siècles pour dénoncer les excès bureaucratiques et législatifs, perçus comme un symptôme de désordre politique.

Aujourd'hui, cette maxime est souvent citée dans le cadre de débats sur la réglementation excessive, la bureaucratie et les réformes législatives inefficaces.

### Politique et gouvernance L'accumulation de lois peut témoigner d'une instabilité politique où chaque gouvernement successif impose sa vision sans supprimer les textes obsolètes. Cela peut entraîner un cadre juridique incompréhensible ou contradictoire.

• Exemple : Dans des régimes corrompus, des lois sont parfois créées pour protéger les intérêts de l'élite plutôt que pour servir le bien commun.

### Droit et justice Une inflation législative excessive peut miner la sécurité juridique, car les citoyens et les entreprises ont du mal à suivre ou à comprendre les règles en constante évolution.

• Exemple : Des réformes fiscales répétées qui compliquent inutilement le code fiscal, rendant son application opaque.

### Économie L'excès de lois peut décourager l'investissement et l'innovation en raison de la lourdeur administrative et des incertitudes juridiques.

• Exemple : Les économies émergentes peuvent être freinées par une bureaucratie inefficace, où des lois complexes encouragent la corruption.

• Un grand nombre de lois n’est pas forcément un signe de corruption ; cela peut refléter un effort pour répondre à des situations complexes dans des sociétés modernes.
• Les systèmes juridiques développés nécessitent des règles spécifiques pour protéger divers intérêts, notamment en matière de droits humains, de commerce, ou d’environnement.

• La multiplication des lois peut entraîner des abus de pouvoir par des dirigeants ou des groupes cherchant à légiférer pour asseoir leur contrôle.
• Cela peut nuire à la simplicité et à l’efficacité des systèmes juridiques.

• Codification : Simplifier et rassembler les lois en codes cohérents pour réduire la confusion.
• Abrogation des lois obsolètes : Éliminer les textes inutiles ou redondants.

Avant la Révolution française, la complexité et le déséquilibre des lois dans l’Ancien Régime reflétaient des siècles de privilèges accordés à différentes classes sociales, menant à une contestation massive.

La prolifération de règlements sous les empereurs tardifs a souvent été vue comme un symptôme de la désintégration de l’autorité centrale et de la montée de la corruption administrative.

Dans certaines nations contemporaines, comme des États avec une corruption élevée, des lois complexes servent parfois à cacher des mécanismes de contrôle ou de favoritisme.

• “Dura lex, sed lex“ : (“La loi est dure, mais c’est la loi”) : Reflète la nécessité de respecter la loi, même lorsque celle-ci est stricte.
• ”Pacta sunt servanda“ : (“Les conventions doivent être respectées”) : Met en avant la stabilité et la confiance dans les accords juridiques.
• ”Lex retro non agit“ : (“La loi ne dispose que pour l’avenir”) : Souligne l’importance de la prévisibilité juridique.

Cette maxime souligne un paradoxe : plus un État tente de s’organiser par une prolifération de lois, plus il risque de révéler son inefficacité ou sa corruption.

Elle incite à une réflexion sur l’équilibre entre le besoin de lois pour réguler une société complexe et le risque de sombrer dans une bureaucratie inutile et oppressive.

Corruptissima re publica plurimae leges demeure une observation critique et intemporelle sur la relation entre la gouvernance, la corruption et la prolifération législative. Elle rappelle que la simplicité et la clarté juridique sont des piliers essentiels pour préserver la justice et la confiance des citoyens dans leurs institutions.